Photo © Romuald MAGINOT

Participant·e·s

Valentine Bottaro, Femmes et Cinéma

Stéphanie Douet, Sensito Films

Tara Karajica, Critique

Elisa Lasowski, Actrice

Marianne Slot, ProductriceClara Ollier, Étudiante en cinéma

Claire-Lise Gaudichon, Programmatrice au Festival de Créteil

Véronique Le Bris, Fondatrice du site Ciné Woman et Auteure

Naoila Joira, Scénariste

Animatrice

Fabienne Silvestre-Bertoncini, Coordinatrice générale du Lab

Observatrice

Emma Pagès, Assistante Lab – Femmes de cinéma

Photo © Romuald MAGINOT

À travers les témoignages…

Une distribution du pouvoir déséquilibrée. De manière presque systématique, lorsqu’une productrice approche des financiers, elle souhaite connaître la composition de la palette des décisionnaires. En effet, trop souvent, les décisionnaires déjà en place sont des hommes, et laissent peu de place aux femmes. Les femmes semblent devoir gagner leur place en tant qu’individu ayant le droit d’entreprendre et d’être à des hauts postes.

Les courts-métrages comme moyen de visibilité. Dans un festival, environ 1200 courts-métrages réalisés par des femmes arrivent pour sélection. Donc chaque année, il y a ces 1200 films qui prouvent qu’il y a des œuvres de réalisatrices… Le court métrage semble donc être un format à travailler, notamment pour l’accompagnement des jeunes réalisatrices dans le lancement et la pérennité de leur carrière.

Les festivals. Afin de donner confiance aux réalisatrices, qui sont trop souvent exclues des palmarès, la création de prix spéciaux, tel que le Prix Alice Guy, attribué à la meilleure femme réalisatrice en France chaque année, semble nécessaire. Au niveau des commissions, il semble de même important de savoir qui les composent : pour certains festivals, l’accès aux noms des membres n’est pas donné, et rend les commissions opaques alors qu’elles ne devraient pas l’être.

Les scénarios. Quand une femme actrice est au début de sa carrière, il lui est quasiment impossible de ne pas devenir « féministe » et de ne pas prendre conscience du problème des inégalités femmes- hommes.
Trop souvent, à la lecture d’un scénario, la représentation de la femme n’est pas comprise; celle ci est très souvent nue, ou bien fantasme de l’homme. Cependant, on remarque que dans les scénarios où les femmes sont représentées de cette manière, les clichés masculins sont aussi très mauvais.

Le besoin d’une prise de conscience. Aujourd’hui il y encore de nombreuses questions concernant la place des femmes dans l’ensemble de l’industrie cinématographique, et il est important de prendre davantage conscience de tous ces problèmes là et que cette prise de conscience soit générale et plus rapide.
Par ailleurs, les questionnements sur le sujet se concentrent souvent sur les femmes réalisatrices ou productrices, cependant, les femmes de toutes les branches du cinéma sont touchées par ce problème de parité et ont besoin que l’on s’y intéresse de la même manière.

La question de l’éducation. Si une prise de conscience est nécessaire, celle-ci passe notamment, et en premier lieu, par le cercle privé et la manière d’inculquer des notions de parité déjà dans son entourage, mais aussi dans les écoles, à l’université… afin de sortir de cette sorte de tradition patriarcale bien connue du cinéma.

Le rôle de la presse. Il est fréquent que lors d’interviews, les actrices soient simplement questionnées sur des thèmes tels que la beauté, et ce au détriment d’interviews réellement culturels et portants sur leur métier d’actrice à proprement parler.

Le problème de la non-retraite. Les gens, dans le milieu du cinéma, ne prennent pas de retraite (par exemple dans les festivals). Cela pose la question du renouvellement; il est important de donner un second souffle à une génération plus jeune!

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Citations pépites

« Au fur et à mesure je suis devenue plus féministe, car c’est quand même bien un milieu d’homme! »

« Il y a quelques années, je me suis heurtée à un fait, il n’y avait aucune étude : c’était un non sujet »

« Notre combat on doit d’abord le mener au foyer, pas au parlement »

« Peut être que les choses changeront quand on travaillera davantage sur l’éducation »

« Dans ma phase d’écriture, je n’ai pas l’impression encore de galérer en tant que femme, mais plutôt dans le processus de création, qui est le même pour tout le monde »

« J’ai ressenti personnellement qu’il y avait des inégalités – j’ai cette préoccupation entre le travail, être mère et être une femme critique, car ça aussi il n’y en a pas beaucoup! »

« Il faut sortir sortir les femmes de l’invisibilité dans laquelle elles sont »

« Il ne faut pas oublier celles qui peuvent apporter du plus dans le regard féminin; critiques, distributrices… »

« Les rôles à clichés sont complètement induits, si les femmes dans le cinéma ne réfléchissent pas à ça elles ne s’en rendent pas compte et parfois ne se sentent même pas concernées »

Boîte à idées

  • Accompagner davantage les créatrices et actrices dans leurs débuts
  • Faire participer un groupe de jeunes (16-18ans) aux ateliers du Lab, par exemple le jury jeune
  • Accompagner la transition avec les jeunes générations, qui ont une manière d’envisager les choses complètement différente et beaucoup plus décomplexée
  • Remettre un prix à une jeune réalisatrice qui démarre, puis ensuite l’accompagner le long de sa carrière, comme une sorte de mentoring afin de faire grandir plus vite les jeunes réalisatrices
  • Éducation, sensibilisation, notamment en imposant une visibilité de films de femmes dans les écoles
  • Demander au syndicat de critiques français de s’emparer de la question de la place des femmes dans le cinéma et créer une association européenne de critiques de cinéma femmes
  • Faire des ateliers pour les critiques de cinéma femmes en festivals, en impliquant des hommes au maximum.
  • En festival, pour chaque interview beauté donnée, bon pour une interview culturelle afin que la presse féminine ne réduise pas les actrices à leur « beauté »
  • Demander systématiquement qu’il y ait une transparence imposée sur les salaires, pour tous les postes
  • Associer les actrices, même les acteurs en général aux ateliers d’écriture pour aller vers des rôles de femmes intéressants/ moins connotés. Ou si cela n’est pas possible pendant les ateliers d’écriture, peut être les associer au moment des lectures afin qu’ils puissent intervenir sur le scénario
  • Campagnes publicitaires sur les salaires, afin qu’ils ne soient plus un sujet tabou
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*Pour mémoire : règles de confidentialité et de publication du Lab :

Nous utilisons la règle dite de Chatham House, du nom d’un célèbre think tank britannique.

Cette règle est utilisée pour réglementer la confidentialité des informations échangées lors d’une réunion : quand une réunion se déroule sous cette règle, les participants sont libres d’utiliser les informations collectées à cette occasion, mais ils ne doivent révéler ni l’identité, ni l’affiliation des personnes à l’origine de ces informations. Cela permet une plus grande liberté de parole et des prises de positions plus fortes.

La liste des participants aux ateliers est en revanche publique, dans le but d’indiquer la diversité et la qualité des personnes présentes et donner de la valeur aux idées émises