Boîte à idées

La création du Lab remonte officiellement à son déjeuner de lancement, qui a eu lieu à Cannes en mai 2017. Cette partie du site rendra compte des idées qui sortiront de chaque atelier et masterclass du Lab. Elles seront publiques et comme le nom de cette rubrique l’indique, pourront servir, à qui veut, de boîte à idées, pour donner aux femmes de cinéma leur juste place.
Les origines du Lab remontent à la 8ème édition du Festival de cinéma européen des Arcs où chaque matin de la semaine, un atelier a rassemblé une dizaine de participants. Les échanges au cours de ces ateliers furent vifs et relevés, et un certain nombre d’idées ont été émises par les participant(e)s, dont voici une tentative de synthèse, qui n’engage d’aucune manière le Lab.

PARITÉ

1) Créer des assises de l’égalité femmes/hommes dans le cinéma.

2) Travailler sur une charte de l’égalité des chances dans l’industrie du cinéma, avec un comité de direction composé de producteurs, de représentants syndicaux et des différentes professions du cinéma. Sur la base de la charte créée par l’Association le Deuxième Regard en 2013.

3) Créer un label, pour inciter l’ensemble des acteurs de la filière à être vertueux en matière d’égalité des chances et de représentation des femmes. Ce label serait attribué selon une charte à définir, incluant des critères relatifs à la parité des équipes techniques, à la diversité des rôles représentés, à la place des femmes dans le scénario, etc.

4) Encourager la parité dans les équipes de tournage en réfléchissant à un système de points attribués par les organismes de financement, valorisant les équipes où l’on trouve un nombre égal de femmes et d’hommes (ex: modèles des barèmes au COSIP, agrément).

5) Créer un fonds de financement pour inciter les sociétés de production à obtenir le label.

6) Le financement public des festivals devrait prendre en compte les critères suivants :

  •  Publier des statistiques sur le nombre de réalisatrices présentes dans la programmation et sur la composition des comités de sélection et jurys.
  •  Viser la parité dans les comités de sélection.

7) Dans les écoles de cinéma financées publiquement, avoir pour objectif la parité dans le recrutement des étudiant·e·s, des professeur·e·s, des intervenant·e·s et des comités de sélection des écoles.

8) Tester la politique des « soft quotas » ou une politique de quotas limitée dans le temps (ex: 5 ans), pour le financement public de films, imposée par l’Etat dans les grandes institutions (ex : DRAC, CNC) et dans les commissions. Ces quotas ne seraient pas forcément un 50-50 dans un premier temps et pourraient être progressifs.

9) Dans toutes les instances de décision, inciter à la parité dans les commissions, inciter à l’alternance homme-femme aux postes décisionnaires et/ou mettre en place des binômes de direction.

10) Intégrer la question de la diversité dans les conventions collectives

11) Mettre en place des gardes d’enfants sur les plateaux de tournage – en particulier pour les tournages qui se déroulent dans des lieux isolés – et dans les Festivals, Intégrer ces dépenses dans le budget des films grâce à un système de subvention.

12) En France, faire l’expérience de rendre anonyme les premiers collèges de l’avance sur recette et aides au CNC, pour les réalisateur·trice·s et producteur·trice·s.

NETWORKING & MENTORING

13) Etablir une liste destinée à promouvoir des jeunes techniciennes compétentes et qualifiées, pour la diffuser auprès des sociétés de production et développer ainsi la parité dans les équipes techniques.

14) Etablir une liste de professionnel·le·s du cinéma expérimenté·e·s prêt·e·s à donner du temps dans le cadre d’un mentorat de jeunes professionnelles. Les rencontres auraient notamment pour vocation d’échanger sur les parcours professionnels de chacun, de conseiller et donner confiance à la jeune génération et d’évoquer la réalité de l’industrie  (prétentions salariales, évolution de carrière, etc.). Les Festivals pourraient être utilisés comme des temps de rencontres entre professionnel·le·s et jeunes talents.

15) Créer des ateliers à destination des femmes scénaristes et réalisatrices en particulier, pour développer leur connaissance du marché, du financement des films, les aider à bien définir leur budget et pouvoir le défendre.

16) Associer dans les collectifs qui s’intéressent à la place des femmes dans le cinéma, des femmes engagées sur ce thème, mais dans d’autres secteurs (politique/industrie/sociologie/psychologie) afin qu’elles partagent leur expérience.

17) Mieux financer les associations qui travaillent sur ce sujet et encourager d’autres structures à se créer et s’engager.

SENSIBILISATION AUX STÉRÉOTYPES DE GENRE ET FORMATION

18) Rappeler les chiffres et statistiques qui démontrent les inégalités dans le cinéma à chaque occasion (festival, colloque, tribune, rapport etc.) car une partie des professionnels n’en a tout simplement pas conscience.

19) Lutter contre l’invisibilisation des femmes dans l’histoire du cinéma et dans le patrimoine en produisant des films sur le sujet.

20) Intégrer la thématique de l’intersectionnalité2 aux temps de sensibilisation des professionnel·le·s et futur·e·s professionnel·le·s

21) Publier des statistiques sur l’exploitation des films en salles, afin de comparer la visibilité des oeuvres portées par des hommes et celles portées par des femmes.

22) Sensibiliser davantage les journalistes et critiques à ces questions d’inégalité femmes/hommes dans le cinéma.

Dans les écoles élémentaires, collèges et lycées :

23) Organiser des rencontres entre professionnel·le·s du cinéma, de branches et de milieux divers, et élèves, en focalisant les interventions sur l’enjeu de la diversité des représentations dans les films.

Dans les écoles de cinéma :

24) Lutter contre les automatismes d’écriture en proposant de réaliser des projets en binômes, hommes et femmes.

25) Sensibiliser à l’importance des mots que l’on utilise (dans les scénarios, les discours), pour éviter le vocabulaire sexiste.

26) Imposer des exercices de création de personnages non stéréotypés (ex : femme exerçant des professions socialement construites comme « masculines », femme comique, transidentité, etc.).

27) Sensibiliser à la nécessité d’utiliser l’écriture et la parole inclusives, qui permettent notamment d’éviter de flécher automatiquement des personnages et des fonctions sur un genre.

Pour les professionnel·le·s du cinéma :

28) Sensibiliser les directeur·trice·s de casting à la question des stéréotypes de genre en les encourageant à pratiquer des castings non genrés.

29) Sensibiliser les lecteur·trice·s de scénarios aux stéréotypes de genre.

Prix et récompenses :

30) Repenser la question des prix d’interprétation genrés : création d’un prix récompensant le meilleur rôle (attribué à un·e scénariste) déjouant les stéréotypes de genre ; création d’un prix d’interprétation pour des rôles féminins défiant les stéréotypes de genre ; création d’un prix d’interprétation mixte.

LA PLACE DES FEMMES DANS LES SÉRIES : Des idées aux idées d’actions

31) Présenter plus de projets de séries où le lead est féminin

32) Développer et entretenir des réseaux féminins.

33) Être jusqu’au boutiste dans ce qu’on a envie de dire et de défendre.

34) Impliquer plus les créateurs et scénaristes dans les choix des réalisat·eurs·rices et au moment de la fabrication des séries.

35) Resserrer la chaine de collaboration : une bonne entente, des alliances et un respect de chacun donne de bien meilleurs résultats et permet d’imposer plus de choses.

36) La question des quotas pour établir de la parité : créer artificiellement les conditions d’un écosystème qui devient naturel quelques années après; la diversité sur le même plan que la question des femmes.

37) Repenser le modèle de la ménagère qui est complètement éculé et sur lequel trop de choix reposent encore

38) Créer les conditions de l’existence du/de la showrunn·er·euse.

  1. Question de la formation : former les scénaristes femmes à davantage vendre leurs projets (par ex à la Fémis), et aussi à diriger des salles d’écritures. Jouer sur la corporation.
  2. Former les scénaristes aux plateaux, et créer une rencontre assez tôt entre le/la réalisat·eur·rice et le/la scénariste, afin que le/la réalisat·eur·rice ne soit pas impliqué·e seulement en tant que technicien·ne.
  3. Et inviter les auteurs de la série sur le plateau de tournage et que cela soit naturel pour l’équipe de les accueillir, en tant qu’observat·eurs·rices. Et qu’ils/elles viennent aussi et surtout au montage.
  4. Former les décisionnaires, les diffuseurs, les éduquer, sensibiliser.
  5. Réaliser des études très concrètes : (comme aux USA) afin de prendre conscience des stéréotypes qui pèsent. Publier cette étude de la même manière que ça a été fait pour le cinéma (sur les 5 dernières années en France). Il faut que les études réalisées soient rendues publiques.
  6. Transparence salariale : on a du mal à communiquer de manière transparente en France.
    Quels salaires, aux même postes? Pour les scénaristes et les réalisateurs, c’est très transparent, quid des autres postes?
  7. Il faut donner plus de crédit aux femmes, par des titres de poste qui définissent mieux leur légitimité et leur permette de l’imposer plus facilement.
  8. Suggérer aux diffuseurs de développer des cases dévolues aux jeunes auteurs, afin que la nouvelle génération de réalisat·eurs·rices puisse émerger.