Participant·e·s

25 membres de l’association 1000 Visages

Elodie Demey, Directrice de casting

Mona Achache, Scénariste et réalisatrice

Mina D’Ornano, Réalisatrice et productrice

Anne Pouliquen, Directrice de Futur@Cinéma, responsable du Sommet des Arcs Film Festival

 

Coach et facilitateur.ice.s

Fabienne Silvestre, Coach, co-fondatrice du Lab et co-fondatrice des Arcs Film Festival

Guillaume Calop, Co- fondateur du Lab, co-fondateur et Délégué Général des Arcs Film Festival

 

Observatreur.ice.s

Leslie Somé, Assistante chargée de développement chez 1000 Visages

Jazz Nemassoa, Coordinateur des ateliers 1000 Visages

Lise Perottet, assistante du Lab Femmes de Cinéma

LE CONTEXTE DE L’ATELIER

Cet atelier a eu lieu dans le cadre du partenariat entre le Lab Femmes de Cinéma et l’association 1000 Visages. Les participant.e.s étaient des jeunes suivant différentes formations chez 1000 Visages (parcours acteur.ice.s, parcours réalisation, parcours écriture de scénarios). Cet atelier était un espace de rencontre entre des professionnelles du secteur de l’audiovisuel et des jeunes qui travaillent ou souhaitent évoluer dans ce secteur. L’objectif était de réfléchir sur les questions liées aux représentations dans les fictions, de trouver quelles sont les images manquantes et quelles solutions pourraient être apportées, au niveau collectif comme au niveau individuel, pour pallier ces lacunes de représentations.Les questions posées aux participant.e.s étaient les suivantes :
Sur le thème de la diversité dans le cinéma, quelle est l’expérience, l’émotion ou l’opinion que vous avez envie de partager ?
Selon vous, quelles sont les catégories de personnages encore trop sous-représentés dans les fictions ?
Quels sont les enjeux liés à ces manques de représentations ?
Quelles idées proposez-vous pour faire bouger les lignes d’un point de vue collectif ?
Comment pouvez-vous contribuer à votre niveau individuel?

LA MIXITÉ DEVANT ET DERRIÈRE LA CAMÉRA : QUELS CONSTATS, QUEL BILAN ?

Le rappel des chiffres. L’atelier a commencé par une présentation rapide de notre étude sur la place des femmes réalisatrices en Europe, ainsi que par la présentation d’un résumé de notre note de synthèse sur la place des femmes et de la mixité dans l’univers des séries. Pour ne rappeler que quelques chiffres clés, dans les écoles de cinéma, 1 étudiant.e sur 2 est une femme, au moment du premier court métrage 1 personne sur 3 à la réalisation est une femme, pour le premier long on est à 1 sur 4. Pour le 3ème long et plus, sur 6 réalisateur.ice.s seulement 1 est une femme. Pour ce qui est des séries, rappelons qu’en France en 2019, 2% des épisodes ont été écrits et réali- sés par des femmes uniquement, alors que 48% des épisodes ont été écrits et réalisés par des hommes uniquement. Aux États-Unis, moins de 28% des réalisateur.ice.s de séries sont des per- sonnes non-blanches.Les trois grandes thématiques abordées dans cette partie ont été les suivantes, pour en savoir plus, découvrez le compte rendu en intégralité.

  • Devant la caméra, un manque cruel de représentations et de figures auxquelles s’identifier.
  • Derrière la caméra, un manque criant de mixité.
  • Une volonté de faire bouger les lignes.

 

 

 

CATÉGORIES DE PERSONNAGES SOUS-REPRÉSENTÉS

Les participant.e.s ont cherché des exemples de personnages sous-représentés dans les fictions télévisuelles. L’exemple donné avait été celui des personnages non-blancs âgés : selon l’étude Cinégalités du Collectif 5050 sur 115 films français en 2019, parmi les per- sonnages qui ont entre 15 et 20 ans, 39% des personnages sont perçus comme non- blancs. Ce chiffre tombe à 10% des personnages non-blancs parmi ceux qui ont entre 65 et 79 ans. Pour les personnages ayant plus de 80 ans, 100% sont des personnages blancs. Dans la plupart des exemples cités, il s’agit d’une intersection entre plusieurs catégories de personnes discriminées. Voici les exemples qui ont été cités par les différents groupes de participant.e.s. Un exercice similaire avait été réalisé auprès de scénaristes de séries à CANNESERIES 2022, le compte rendu de l’atelier correspondant est à retrouver ici, il est intéressant de noter qu’entre ces deux ateliers, de nombreuses catégories se font écho et se complètent.

Retrouvez toutes les réponses des différents groupes dans notre compte-rendu.

FAIRE BOUGER LES LIGNES 

Mettre l’accent sur la sensibilisation dès l’école. La faible diversité sociale s’explique en partie par un manque de connaissance des filières et une reproduction sociale entre les personnes des classes socioprofessionnelles supérieures. Il faut donc sensibiliser sur les filières qui existent, mais aussi sur les métiers du cinéma eux-mêmes et les différentes passerelles qui permettent d’y accéder.

Mettre en place des dispositifs d’égalité des chances. Il faudrait que les écoles communiquent davantage, et aillent à la cherche des jeunes de toute situation socioprofessionnelles et géographiques plutôt que d’attendre que les jeunes viennent à eux. Nous l’avons dit, les phénomènes d’auto- censure, de questionnement sur sa légitimité, ou même le fait de ne pas connaître ces filières sont d’autant de mécanismes qui freinent un renouvellement des personnes présentes dans les écoles de formation.

Médiatiser les inégalités existantes. De nombreuses personnes n’ont pas conscience des chiffres, n’ont pas conscience qu’il est si difficile pour les personnes non blanches, non cisgenres etc d’accé- der à cette industrie. Les chiffres montrent ce qui est, peuvent faire réaliser à certain.e.s le privilège qu’ils et elles ont, et peut être pourrait les entraîner à aider des personnes qui aimeraient évoluer dans ce secteur mais pour qui le parcours sera plus difficile.

Mettre en place des quotas. Si les chiffres sont médiatisés et connus de toutes et tous, les quotas permettent de changer les institutions de l’intérieur, d’avoir un impact direct, concret et quantifiable sur les personnes décisionnaires et qui ont de l’influence dans cette industrie. Les quotas sont souvent critiqués en France, pour qu’ils se fassent accepter par le plus grand nombre, une idée pourrait être de mettre en place des quotas suggérés par exemple, avec des bonifications tarifaires pour celles et ceux qui les atteignent.

Créer des déclics. Cela passe notamment par la création de passerelles : mettre en place des masterclass, des interventions publiques, des rencontres, des ateliers. Certain.e.s pourraient se découvrir une passion ou une volonté de travailler dans ce secteur en rencontrant des personnes qui y sont et qui y travaillent. Cela pourrait passer par du mentorat par exemple.

Mettre en avant des rôles models plus divers. Il pourrait s’agir par exemple de la mise en place de plus de prix pour les jeunes figures du cinéma français, ou des prix pour des métiers plus divers. Il faut donner de la visibilité aux nouveaux et aux nouvelles arrivant.e.s du secteur et pas uniquement à celles et ceux qui y sont depuis de nombreuses années.

Changer les processus internes. Préciser lors de l’écriture d’un scénario et à la recherche du cas- ting la couleur de peau uniquement si cela a un intérêt crucial pour l’histoire du point de vue du ou de la scénariste. Il faut des rôles divers et intéressants ne soient pas systématiquement proposés à des personnes blanches tandis que les personnes non blanches sont souvent dans des rôles stéréotypés et dépeints négativement.

Organiser des lectures de scénario. Avant qu’un scénario soit validé, il faudrait recueillir des témoignages par des comités de lecture ou des personnes concernées pour dire ce qu’elles pensent. De fait elles pourraient intervenir si le scénario manque de justesse ou présente trop de stéréotypes de genre ou racistes par exemple.

Renouveler les imaginaires collectifs à grande échelle. Faire l’éloge de la faiblesse, ne plus s’intéresser uniquement à la puissance, à la force, à la robustesse au combat. Cela permettrait d’éviter un certain nombre de stéréotypes, mais aussi de valoriser d’autres qualités, d’autres trajectoires et d’autres personnages.

CITATIONS PÉPITES

« C’est très joyeux de voir tout ce mouvement qui veut faire bouger les choses. »

« Au cinéma on entend toujours la même voix. »

« Ma colère commence à se transformer davantage en combat, il ne s’agit plus uniquement d’une plainte. »

« Je suis constamment dans une démarche de raconter des choses que l’on ne raconte pas. »

« J’ai peu de représentations de personnes qui me ressemblent qui font du cinéma. »

« Je suis en situation de handicap, je me sens complètement sous-représenté devant comme derrière la caméra, j’ai envie de changer la donne. »

« Il faut comprendre l’importance de la modélisation des imaginaires par les images que l’on voit dans la fiction. »

« Je m’engage à ne pas avoir peur de prendre l’espace et de prendre ma place. »

« Je m’engage très simplement à écrire pour tous et toutes, parce que concrètement, c’est ce que j’aurai aimé trouver dans le cinéma. »

« Je m’engage à me regrouper, rencontrer des gens qui ont cette volonté de faire bouger les lignes, on ne peut rien faire sans les autres. »

*Pour mémoire : règles de confidentialité et de publication du Lab :

Nous utilisons la règle dite de Chatham House, du nom d’un célèbre think tank britannique.

Cette règle est utilisée pour réglementer la confidentialité des informations échangées lors d’une réunion : quand une réunion se déroule sous cette règle, les participants sont libres d’utiliser les informations collectées à cette occasion, mais ils ne doivent révéler ni l’identité, ni l’affiliation des personnes à l’origine de ces informations. Cela permet une plus grande liberté de parole et des prises de positions plus fortes.

La liste des participants aux ateliers est en revanche publique, dans le but d’indiquer la diversité et la qualité des personnes présentes et donner de la valeur aux idées émises.