Le cinéma et les femmes, voilà son sujet ! Journaliste pour Les Echos week-end, Ecran Total, Véronique Le Bris a été rédactrice en chef du magazine Première et collaboré à l’Obs, à Elle à Paris ou à Zurban. Depuis et avant que l’actualité se déchaîne sur le sujet, elle a fondé cine-woman.fr, le premier webmagazine féminin sur le cinéma. Elle est aussi l’auteure de « Fashion & Cinéma » (Ed Cahiers du cinéma) de « 50 femmes de cinéma » (Ed Marest), et « 100 grands films de réalisatrices » (Arte Editions- été 2020).

Elle a aussi fondé le Prix Alice Guy qui récompense chaque année le meilleur film français réalisé par une femme, tout en honorant la mémoire et le patrimoine de la première cinéaste de l’histoire.

1 – Ton confinement : il a lieu où et tu l’envisages/le vis comment?

Je suis chez moi, et j’ai de la chance, j’habite pour l’instant une maison avec un jardin, j’ai de la place et de l’espace, de la musique, internet et même de la compagnie, donc ça ne pourrait pas être mieux dans ces circonstances.

Pour l’instant, je le vis bien : j’ai l’impression d’avoir cette chance unique qu’on rêve toujours, celle d’avoir une vraie pause dans ma vie qui va enfin me permettre de rattraper tout ce que je n’ai jamais le temps de faire : remplir des dossiers administratifs trop chiants, ranger mes livres et mon bureau, trier mes affaires, lire les livres que j’ai achetés cette année, prendre le temps de réfléchir à mes prochains projets et travailler aussi (j’ai encore qq articles à rendre). Je vais aussi mettre mon site cine-woman et celui du prix alice guy à jour, attraper mon retard. Je sors de 6 mois intenses consacrés à écrire un livre (donc déjà confinée d’une certaine manière) et finalement, ça ne change pas tellement mon quotidien. C’est juste l’urgence à empiler les projets qui s’est suspendue, donc je me sens plus sereine.

J’ai tout de même 3 motifs d’inquiétude : ma fille qui vit aux Etats-Unis, seule, et où les frais médicaux sont inabordables, mes parents qui sont âgés et en Bretagne mais qui ont l’air de garder le moral et mes revenus qui comme beaucoup d’autres vont être en chute libre. En tant qu’indépendante c’est un sujet !

2 – Comment tu as connu le Lab et ce que tu y as vécu, ce que tu en penses

J’ai connu Le Lab aux Arcs Film Festival il y a deux ou trois ans et surtout en participant aux ateliers de coaching collectif. J’y ai pas mal appris et rencontré de bien belles personnes ! Et je suis bien sûr les études que vous réalisez.

3 – Cite un ou plusieurs films réalisés par des femmes qui t’ont marqué·e et que tu as envie de faire découvrir. Dire pourquoi en quelques mots

Justement, mon fameux livre que j’ai bouclé il y a 10 jours et qui devait sortir en avril – il est décalé- en liste 100 ! « 100 grands films de réalisatrices ». J’en recommanderai 5 qui sont tous accessibles facilement et un bonus.

La fée aux choux, la 1ère fiction du cinéma, ou tout film d’Alice Guy pour comprendre son talent et bien sûr, toute l’importance de son oeuvre, pourtant oubliée, dans l’histoire du cinéma. Alice Guy avait pourtant anticipé que l’avenir du cinéma serait de raconter des histoires plus que de filmer le réel. Avec talent, elle a mis en place toute la grammaire du cinéma (mise en scène, les changements de rythme, le jeu des acteurs, l’arc dramatique… ) celle qui le régit encore aujourd’hui. Si vous voulez rire, préférez Madame a des envies ou Les résultats du féminisme, mais tous ces films sont extraordinaires!

Les aventures du prince Ahmed de Lotte Reiniger, le 1er long métrage d’animation européen, le deuxième au monde (mais le 1er est perdu). C’est un ravissement, un enchantement à tout âge, d’une créativité et d’une poésie inégalée. Sublime !

Allemagne mère blafarde d’Helma Sanders Brahms, le film le plus pénétrant jamais réalisé sur la seconde guerre mondiale et sur le nazisme, vu à travers le regard d’une fille sur sa mère. Absolument fascinant, puissant et dérangeant. Immense!

La leçon de piano de Jane Campion pour son romantisme absolu et la manière profonde, sincère avec laquelle elle filme une héroïne, une vraie, pourtant empêchée par son mutisme, mais tellement puissante dans sa détermination et dans le respect de ses émotions. La seule réalisatrice palmée à Cannes « Au moins, il y en a une » dit Jane Campion.

Trois hommes et un couffin de Coline Serreau, le seul film d’une femme qui a dépassé les 10 millions d’entrées en France. C’est, sous couvert d’une farce très amusante et touchante, une comédie d’anticipation profonde sur la paternité, la responsabilité et de l’égoïsme des hommes dans notre société. Comme dit Coline Serreau « nous avons besoin d’hommes paternels mais pas paternalistes, qui soient dans l’amour pas dans la possession. Et que ce n’est pas un besoin sentimental mais politique ». Et elle a raison et elle le montre.

Bonus

Delphine et Carole, insoumuses de Callisto Mc Nulty, un documentaire passionnant sur le féminisme joyeux que partageaient Delphine Seyrig et Carole Roussopoulos. Réjouissant !

4 – un adjectif pour qualifier ton féminisme

Positif ! Mon féminisme est positif.

Avec le soutien de notre mécène fondateur Sisley Paris & de notre partenaire ELLE

Crédit photo @Patrick Swirc.