Diplômée de l’Ecole des Gobelins, Pauline Seigland fait ses armes comme directrice de production, notamment pour Christophe Honoré sur Chambre 212.

Sa société Films Grand Huit fondé en 2015 avec Lionel Massol, accompagne Rémi Allier (Les petites mains César du meilleur court 2019), Giacomo Abbruzzese , Jonathan Millet (Et toujours nous marcherons sélectionné au césar 2018), Mareike Engelhardt (Prix Arte aux Arcs pour le long Rabia) & Camila Beltràn dans leur passage du court au long métrage. La série d’animation La vie de château de 6x26min pour France Télévisions de Clémence Madeleine Perdrillat & Nathaniel H’Limi est également en préparation. Le 1er épisode a reçu le prix du Jury à Annecy en 2019. Films Grand Huit est Berlinale Talent 2019 & lauréate du Prix France Télévisions Jeune Producteur 2018.

1 – Ton confinement : il a lieu où et tu l’envisages/le vis comment ?

Je suis en Bretagne, dans une petite maison en bord de mer, la où je vis la moitié du temps.

A Grand Huit, le confinement tombe pas trop mal (comparativement à pleins d’autres sociétés). Nous avons beaucoup tourné l’année dernière; cette année est plutôt consacrée au développement de nos longs & notre série d’animation; ainsi qu’au financement du film de G.Abbruzzese Disco Boy que nous tournerons à l’Automne 🤞🏻… Pour le moment nous passons des commissions en virtuel c’est caucasse mais ça marche. Le film est une co-pro avec 4 pays européens c’est marrant de voir comment chacun réagit. Ce confinement nous apprend à tous la résilience mais pour nous, jeunes producteurs du cinéma indépendant, idéalistes dans un système de plus en plus fermé, enfants de la crise, la résilience c’était déjà un maitre-mot !

2 – Comment tu as connu le Lab et ce que tu y as vécu, ce que tu en penses

Au festival des Arcs. Le principe du lab c’est le mouvement, c’est la marche vers plus de parité. Je suis jeune et je suis femme occupant des postes à responsabilité. La plupart des collaborateurs à qui j’ai affaire sont des hommes et ont au moins 10 ans de plus que moi. La misogynie dans le cinéma, il serait stupide de la nier. Elle est sinueuse, latente. A forciori, dans les endroits de responsabilité et d’argent donc de fait, de pouvoir. Je me sens donc, concernée. Etre pro-active pour déconstruire le patriarcat n’est pas une alternative, c’est une évidence : pour les futures jeunes femmes surtout. Se rêver « créatrice » mais aussi se rêver « cheffe de poste » dans le cinéma, ce doit être accessible autant pour les futurEs que pour les futurs.

3 – Cite un ou plusieurs films réalisés par des femmes qui t’ont marqué·e et que tu as envie de faire découvrir. Dire pourquoi en quelques mots

Moi toi et tous les autres (et toutes les nouvelles de Miranda July à lire au passage) : Parce c’est le parfait croisement entre une Sophie Calle en plus tendre & un Todd Solondz en plus optimiste. Chez Miranda tout le monde est dépressif, inadapté, n’arrive à rien dans sa vie MAIS trouve toujours une issue joyeuse à sa situation.

We need to talk about kevin : Parce que Lyne Ramsay est une reine. Elle dépeint au couteau la relation intime d’une mère et de son enfant maléfique, elle met en lumière la culpabilité éternelle de la mère mais entretient le doute sur les racines du mal. Le film raconte, en substance, le grand tabou d’une femme qui n’aime pas son enfant : et ça c’est courageux.

Pauline s’arrache : Parce que la saga familiale d’Emilie Brisavoine est totalement captivante. Les images sont crades, tout le monde est border mais on ressort de ce film avec un sentiment d’amour et de sincérité rare.

Je trouve que le cinéma névrotique, corrosif & autobiographique de Valeria Bruni Tedeschi et de Noemie Lvovsky mérite plus d’éloge : Elles parviennent bien souvent à mettre de la drôlerie dans le tragique et de la profondeur dans la légèreté.

Je conseille aussi les le moyen métrage de Alice Diop Vers la tendresse pour la délicatesse du chemin mené par la bande d’hommes qu’elle suit : de la violence misogyne à l’acceptation de l’amour.

Et enfin tout le cinéma d’Agnès Varda mais ce qui est formidable avec Agnès Varda c’est qu’elle, personne ne l’a oubliée !

4 – un adjectif pour qualifier ton féminisme

Evident.

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