Mai HUA est une artiste française d’origine Vietnamienne basée à Paris. Color Designer (Louis Vuitton, Issey Miyake, Giorgio Armani), Réalisatrice et Autrice du blog philosophique maihua.fr, Mai explore nos liens à l’intime, à la quête de vérité etau genre. Ses 2 documentaires, LES RIVIERES, une archéologie familiale sur sa lignée de femmes (lesrivieres.maihua.fr), et MEETINGS WITH REMARKABLE MEN, proposant de nouveaux modèles de masculinité en lien avec la thérapie, explorent ces notions avec une intensité contemporaine et une intelligence émotionnelle fulgurantes.

1 – Ton confinement : il a lieu où et tu l’envisages/le vis comment?

Je suis actuellement chez mon ex-mari. Nous voulions être près de nos enfants. Le confinement sera plus relax que prévu pour les parents divorcés, et nous pourrons passer d’un lieu à l’autre (nous vivons près l’un de l’autre), mais nous ne voulions pas être sans eux pour ce début de confinement. Ensuite, je suis séparée de mon chéri qui vit à Londres, ça m’a fait beaucoup de peine d’accueillir le fait que nous allions être séparés pour une durée indéterminée, mais notre lien est fort et je sais que beaucoup de créativité va en ressortir. Pour l’instant, je passe mon temps à cuisiner et accompagner mes enfants dans leur vie homeschool. Je me nourris des réseaux sociaux, où je trouve beaucoup d’humour et une forme de culture de la joie. Ca me fait un bien fou de voir tant de solidarité, des profs de yoga font des médiations online, des psy soutiennent leurs followers avec des cercles de paroles, des prof de philo font des live, les gens chantent à leur fenêtre, pour faire honneur au personnel soignant etc. c’est nourrissant.

Je recommence aujourd’hui à me prendre du temps pour moi et pour créer. Les artistes sommes habitués à être en contact avec nos émotions, nos solitudes et l’inconnu, même inconfortable. Une forme d’excitation est même en train de pointer. Je vais proposer pour ma communauté, des cessions « home cinema » pour prolonger ces séances de Q&A avec les spectateurs de mon film les Rivières. C’était magnifique de le faire IRL, et je sais que l’on va pouvoir continuer grâce aux Réseaux sociaux. Le collectif devient la source et l’horizon pour ne pas rester confinée dans mon individualité en peine. Ce serait pas ça finalement « faire culture »?

2 – Comment tu as connu le Lab et ce que tu y as vécu, ce que tu en penses.

Je le connais par toi Fabienne. C’est une initiative vitale et nourrissante. La culture est la passerelle entre l’intime et l’universel. Pas d’universalité sans parole des femmes. C’est aussi simple que ça. Bravo à toi, à vous!

3 – Cite un ou plusieurs films réalisés par des femmes qui t’ont marqué·e et que tu as envie de faire découvrir.

Dire pourquoi en quelques mots La leçon de Piano a été un choc, dont je ne me suis jamais remise… et c’est tant mieux. Le cinéma est un art de l’altérité. Ada qui ne peut parler, dans cet univers d’hommes coupés de leur humanité, c’est un intime très singulier, mais symboliquement tellement puissant. Sa sensualité, sa passion, son désir de liberté et d’amour, sans un mot ou presque, me bouleversent encore aujourd’hui.

Dans un tout autre registre, la Crise de Coline Serreau m’a beaucoup touchée aussi. Cette lumière qui passe à travers la feuille de salade qui ressemble à un coeur battant, et ces scènes de disputes, de mise à plat, sont folles.

Dernièrement, j’ai adoré Ce Qu’il reste de la Revolution, de Judith Davis.

Je vais prendre le temps de revoir Venus Beauté bien sûr, et découvrir papicha, female pleasure, et pourquoi pas un porno d’Olympe de G!

4 – un adjectif pour qualifier ton féminisme :

humaniste

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Credit photo @Lydie Bonhomme