Compte-rendu du premier atelier – 12/10/2017

Participant·e·s

Mona Achache, réalisatrice et scénariste

Lisa Azuelos, réalisatrice, scénariste et productrice

Tine Byrckel, scénariste, journaliste et philosophe danoise

Ron Dyens, producteur, Sacrebleu

Fabien Gaffez, directeur des programmes du Forum des images

Johanna Grudzinska, réalisatrice

Judith Nora, productrice, Silex film

Marianne Slot, productrice

Fanny Yvonnet, productrice, Les 3 brigands, « Ava »

Observateur·trice·s

Guillaume Calop, Le Lab, Festival des Arcs

Françoise Delbecq, journaliste, ELLE

Geoffroy Grison, scénariste, le Deuxième Regard

Clémence Leveau, journaliste, ELLE active

Animatrices

Emmanuelle Chateau, coach

Fabienne Silvestre-Bertoncini, Le Lab, Festival des Arcs, coach

Les problèmes qui ont été « mis sur la table »

Celui de « l’invisibilisation » : qu’est-ce qui fait que les femmes disparaissent trop souvent de l’Histoire ? Dans 10 ans, à part Agnès Varda, quelles femmes resteront dans les encyclopédies du cinéma ? Comment faire pour qu’à l’avenir, il y ait autant de femmes que d’hommes dans les encyclopédies, dans les dictionnaires ?

Le problème du temps : le temps d’un film n’est pas forcément adapté à celui d’une femme, à certains âges. Une des participantes a été critiquée pour le temps de fabrication trop long de son film parce qu’entre temps elle avait fait un enfant. Elle a fini par y arriver, avec des filles à tous les postes, en prenant le temps, en se débarrassant de ses inquiétudes.

Le problème du silence dans l’affaire Weinstein et plus généralement sur le sujet du harcèlement sexuel, dans l’univers du cinéma comme ailleurs.

Le problème que les femmes ont du mal à aller plus loin qu’un 2ème ou 3ème film. Qu’est-ce qui se passe à ce moment là ? Il faut chercher à comprendre !

Donner un prix soutenu par une marque de cosmétique à une femme de cinéma est un problème (pour une des participantes) : ça raconte quelque chose précisément contre lequel on essaie de se battre.

Le Lab et Sisley ont répondu à la remarque :
En regrettant qu’il n’y ait pas des marques d’autres secteurs pour soutenir cette initiative.
En précisant que ce partenariat lie avant tout des personnes de sensibilités identiques. Il s’agit, entre l’équipe Sisley et celle des Arcs, de relations humaines et d’amitié qui ont grandi depuis plus de cinq ans autour de l’amour du cinéma et de la même idée d’un monde plus juste. Sisley n’est pas dans une démarche de « branding », le Lab ne portant pas son nom et le mécénat s’opèrant à travers la Fondation Sisley-d’Ornano.

Les bonnes nouvelles

La bonne nouvelle, c’est ce qui se passe en série TV. Un grand nombre de femmes productrices, réalisatrices… En terme de contenu également, il y a beaucoup plus de personnages féminins intéressants, les femmes ont souvent des rôles plus modernes, moins cantonnés aux stéréotypes. Au cinéma, on réduit souvent un film au fait qu’il a été réalisé par une femme (personnalisation plus grande de l’auteur·e réalisateur·trice). A la télévision il y a une forme d’anonymat, et donc moins de discrimination.

Sentiment partagé que les jeunes femmes prennent conscience de leurs pouvoirs et de leur puissance, elles se posent moins de question, c’est rassurant pour l’avenir.

Il y a une bienveillance dans la nouvelle génération. Les femmes se font lire leurs projets entre elles, se donnent du temps les unes les autres. Il existe maintenant des structures où des amis producteur·trice·s mettent en réseaux leurs moyens, leurs talents. Alliance et bienveillance entre femmes et hommes dans la nouvelle génération.

Citations pépites

« Il y a moins d’hommes pas castrés que de femmes pas castrées. Les petites filles devraient avoir le droit de rêver de conduire les gros engins ! »

« Je suis producteur et je ne me pose pas la question du genre, c’est naturel chez moi, du coup je me sens mal à l’aise : est-ce que je dois faire quelque chose ? »

« Donner aux femmes la place qui leur revient dans le cinéma n’est pas un combat mais une alliance. Je suis heureuse de ne pas me sentir seule »

« Je vais continuer à écrire des personnages de femmes réalistes et matures ».

« Je suis pragmatique, je suis désespéré que dans mes équipes, tous les chefs de postes soient des hommes. Est-ce que je peux aller contre ça ? Non, mais je vais privilégier les femmes là où on ne les attend pas, surtout dans les métiers techniques. Parité partout ».

« Dans ce genre d’assemblée, on est mal à l’aise en étant un homme. Comment favoriser la place des femmes sans aller contre les hommes ? Mal à l’aise avec l’idée des quotas et de la discrimination positive ».

« Mes amis masculins me font lire leurs projets pour avoir un point de vue féminin, c’est un progrès ».

« La question des quotas rode, un peu comme la réintroduction du loup dans les Pyrénées. Entre éleveurs de brebis et écologistes. tout le monde aime la nature, mais personne n’est d’accord .

« Je repars avec plus d’ouverture, notamment sur la parité. Ce que je peux faire, c’est être plus vigilant sur ces questions, plus bienveillant, plus dans l’échange, aussi sur la programmation et sur à qui je donne la parole »

« Je repars non pas avec une bonne conscience, mais avec une bonne confiance sur la nouvelle génération, même si il faut l’entretenir ».

Idées

Parité

  • Parité dans les comités de sélections pour les festivals (et notamment Cannes).
  • Parité dans les commissions et alternance dans les présidences au CNC.
  • Anonymat sur les premiers collèges de l’avance sur recette et aides au CNC, sur les réalisateur·trice·s et producteur·trice·s : à l’essai pendant un moment.
  • Parité dans les équipes de film : privilégier les cheffes de poste féminines. Dialogue qui doit inclure les hommes.

Quotas

Quota à durée déterminée sur les aides publiques : on essaie pendant 5 ans et on fait le bilan.

Lutte contre « l’invisibilisation » dans le patrimoine – ou plutôt « matrimoine »

  • Faire des films sur le sujet. Raconter l’histoire de la discrimination.
  • Amorcer une sensibilisation sur ces thèmes avec les critiques, encore majoritairement masculins.
  • Faire un travail sur les outils qui inscrivent les femmes dans l’histoire. Et leur donner de la visibilité.

Networking/mentoring

  • Développer les réseaux, échanges, groupes de paroles sur ce thème.
  • Peut-être associer des femmes engagées sur ce thème, mais dans d’autres secteurs (politique/industrie) afin qu’elles partagent leur expérience, ce qui a marché pour elles et ce qu’il faut éviter.
  • Créer des ateliers d’écriture de femmes. Il faut qu’il y ait plus de scénaristes femmes.
  • Créer un lab de financement des films pour qu’elles connaissent mieux le marché (chez les scénaristes/réalisatrices).

Créer les « Cléopâtre » :

Un nouveau prix, plus public, plus moderne, attribué par une institution rassemblant des personnalités de la nouvelle génération, pour promouvoir des films avec d’autres critères : « des films qui font du bien » qui permettraient sans doute un meilleur équilibre hommes-femmes.

*Pour mémoire : règles de confidentialité et de publication du Lab :

Nous utilisons la règle dite de Chatham House, du nom d’un célèbre think tank britannique.

Cette règle est utilisée pour réglementer la confidentialité des informations échangées lors d’une réunion : quand une réunion se déroule sous cette règle, les participants sont libres d’utiliser les informations collectées à cette occasion, mais ils ne doivent révéler ni l’identité, ni l’affiliation des personnes à l’origine de ces informations. Cela permet une plus grande liberté de parole et des prises de positions plus fortes.

La liste des participants aux ateliers est en revanche publique, dans le but d’indiquer la diversité et la qualité des personnes présentes et donner de la valeur aux idées émises.