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Participant·e·s
Frédéric Corvez, président d’Urban Distribution.
Nathalie Dennes, productrice, the Living.
Trine Dyrholm, actrice
Clara Elalouf, réalisatrice.
Pierre-Emmanuel Fleurantin, co-fondateur Festival des Arcs et producteur.
Claire La Combe, productrice, Maybe Movies.
Xavier Lardoux, directeur du cinéma au CNC.
Céline Sciamma, réalisatrice.
Eric Vicente, ARP Sélection et directeur du département distribution/exploitation à la Femis.
Annarita Zambrano, réalisatrice.
Observateur·trice·s
Lou Bes, Journaliste au magazine Elle.
Flore Brabant, assistante Lab Femmes de Cinéma
Guillaume Calop, délégué général du Festival de cinéma européen des Arcs
Véronique Vatinos, chef du service célébrités au magazine Elle.
Animateur·trice·s
Fabienne Silvestre-Bertoncini, co-fondatrice du Festival de cinéma européen des Arcs, Lab Femmes de Cinéma, coach.
Geoffroy Grison, scénariste, co-président du Deuxième Regard.
A travers les témoignages
Les chiffres. L’étude mise à jour par le Lab Femmes de Cinéma montre une baisse du nombre de films de réalisatrices dans certains pays, malgré l’intuition de départ qu’une nouvelle génération de réalisatrices était en train d’émerger. On sent que les choses bougent, mais les chiffres disent le contraire. Faut-il voir à plus long terme ?
Le problème du manque de confiance en soi et en elles. Les réalisatrices attendent que leurs projets soient très aboutis avant de les présenter et s’imposent une plus grande exigence que les réalisateurs, comme si elles étaient à l’épreuve. Cela a un impact sur la rapidité de leur carrière.
Une exigence de modestie qui se répercute sur le budget des films. On attend des réalisatrices qu’elles soient patientes et qu’elles réclament des budgets inférieurs. Le budget des films de réalisatrices est ainsi en moyenne de 3,3 millions d’euros contre 4,6 millions d’euros pour les films de réalisateurs. Lorsqu’une femme demande un budget plus élevé, on y voit de la prétention.
Une réalisatrice qui entreprend un film à gros budget a une très forte pression. Patty Jenkins, la réalisatrice de Wonder Woman, a raconté qu’elle avait mis longtemps avant d’accepter de faire un blockbuster, car son échec aurait rejailli sur l’ensemble d’une catégorie, les réalisatrices qui aspirent à ce type de films.
Un sentiment d’être moins légitime. Les femmes prennent moins facilement la parole. Elles ont le sentiment que les histoires qu’elles veulent raconter sont moins légitimes que celles des hommes et que le public est moins intéressé. Elles n’osent pas prendre de risque, ce qui pourrait pourtant être payant.
Un regard machiste qui perdure. Bien résumé par la citation de François Truffaut « Le cinéma c’est faire faire de jolies choses à de jolies femmes ». Une phrase reprise récemment au cœur de l’industrie française. Sur les réalisatrices, l’idée perdure que les femmes auraient un « regard sensible » et réaliseraient des films sur des thématiques féminines. Quand Agnès Varda vient recevoir son Oscar d’honneur des mains d’Angelina Jolie et Jessica Chastain, elle pose la question devant la salle médusée « Donc il n’y avait aucun homme dans cette salle pour me rendre hommage ? ».
L’animation est un secteur encore très masculin. Il n’y a quasiment aucune réalisatrice. Même avec un réalisateur engagé sur les questions d’égalité des sexes, il est difficile, voire impossible, d’engager des équipes paritaires, en particulier sur les chef·fe·s de poste du fait du très faible nombre de femmes dans ce secteur.
La difficulté à critiquer un système patriarcal qui les a construites. Les réalisatrices sont mal à l’aise à l’idée de critiquer le système de l’industrie cinématographique pour faire bouger les choses. Elles ont le sentiment de se plaindre et que les interlocuteurs se sentent menacés lorsqu’elles le font, ce qui crée une mauvaise ambiance dans le milieu.
Un salaire bien inférieur à celui des réalisateurs. Les femmes réalisatrices sont payées 34% de moins que les hommes. En même temps, cela les amène à ne plus être attentistes et à avoir une attitude combative, à devenir exigeantes et ambitieuses.
Le problème de la visibilité. Dans un système ou la plupart des festivals et salles de cinéma sont dirigés par des hommes blanc de plus de 50 ans, hétérosexuels, il est difficile de faire exister certains films et de les diffuser. Notre regard est formaté, il faut le métisser. Et changer l’identité des dirigeants.
Une glamourisation des réalisatrices. Les réalisatrices sélectionnées en compétition au festival de Cannes sont la plupart du temps des actrices. Aussi, l’aspect politique qu’elles peuvent revendiquer est caché derrière un regard esthétique.
Beaucoup de femmes sont aujourd’hui à des postes de direction dans le cinéma et l’audiovisuel : Nathalie Cieutat programme le plus grand circuit de salles (Gaumont Pathé), Nathalie Costes-Cerdan dirige la Femis, Véronique Cayla dirige Arte, Delphine Ernotte France télévision. Il y a eu un changement.
La parité dans les commissions publiques. Elles seront obligatoirement paritaires en 2018, c’est inscrit dans le cadre de la loi. Au CNC, les commissions d’avances sur recette sont déjà paritaires depuis des années. Et c’est une femme qui en est la présidente.
Interrogation. Est-ce que les nouvelles sources de financement et les nouvelles plateformes de diffusion vont permettre une diversification dans la réalisation ?
Citations pépites
« Les femmes réalisatrices sont payées 34% de moins que les hommes. On intègre ce truc-là en bonnes élèves ».
« Dans notre façon d’exister, on doit politiser notre présence. C’est notre responsabilité individuelle et collective. »
« On arrivera à rien tant qu’on n’arrivera pas à métisser les regards. »
« Créer des personnages complexes, c’est une façon de voir les femmes autrement. C’est une façon d’être femme et d’être homme. »
« J’ai pleins d’amis réalisateurs et réalisatrices et la légitimité, c’est un problème qui ne revient jamais dans les discussions des hommes. »
« Pour monter le tapis rouge, il faut être jolie. »
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Idées
- Créer des assises de l’égalité
- Créer des outils de mise en réseau spécifiques aux femmes
- Les hommes ont un rôle décisif à tenir et une prise de conscience à mener. Il faut que davantage d’hommes féministes prennent la parole.
- Intégrer la question de la diversité dans les conventions collectives.
- Publier des statistiques genrées sur l’exploitation des films en salles.
- Valoriser en temps et en argent toute la phase d’écriture et de développement des films où les femmes sont plus présentes.
- Mettre en place un système de bonus pour favoriser la parité des équipes techniques (ex: modèle des barèmes au COSIP).
- Parité dans les comités de sélection des festivals.
- Pousser les festivals recevant des financements publics à prendre en compte la présence des femmes dans leur sélection.
- Limiter les mandats des directeur·rice·s artistiques des festivals dans le temps et proposer l’alternance femmes-hommes dans le renouvellement.
- Impliquer davantage les journalistes afin qu’ils mettent en avant le travail des réalisatrices.
- Parité dans le recrutement des étudiants mais aussi des enseignants dans les écoles. Nos professeur·e·s nous inspirent.
- Inviter des psychologues et des sociologues aux ateliers Lab «Femmes de cinéma »
- Mieux financer les associations qui travaillent sur ce sujet et encourager d’autres structures à se créer et s’engager.
*Pour mémoire : règles de confidentialité et de publication du Lab :
Nous utilisons la règle dite de Chatham House, du nom d’un célèbre think tank britannique.
Cette règle est utilisée pour réglementer la confidentialité des informations échangées lors d’une réunion : quand une réunion se déroule sous cette règle, les participants sont libres d’utiliser les informations collectées à cette occasion, mais ils ne doivent révéler ni l’identité, ni l’affiliation des personnes à l’origine de ces informations. Cela permet une plus grande liberté de parole et des prises de positions plus fortes.
La liste des participants aux ateliers est en revanche publique, dans le but d’indiquer la diversité et la qualité des personnes présentes et donner de la valeur aux idées émises.