Participantes

Fanny De Casimacker, Coordinatrice générale du Collectif 5050

Delphine Ciampi Ellis, Compositrice, présidente de la Commission égalité Femmes – Hommes à la SACEM, membre du Bureau Troisième Autrice

Chloé Delacroix, Coordinatrice Égalité femmes-hommes et réussite éducative de la ville de Rochefort

Sylvia Filus, Compositrice, membre de Troisième AutriceIsabelle Gireaud, Adjointe égalité, solidarité, action sociale de la ville de Rochefort

Camille Giry, Comédienne, youtubeuse (chaîne Camille et Justine)

Evelyne Guimmara, Comédienne, Tunnel de la comédienne de 50 ans

Lou Howard, Comédienne, youtubeuse (chaîne Lou Howard)

Delphine Lalizout, Comédienne, metteuse en scène, AAFA, Tunnel de la comédienne de 50 ans

Alexia Laroche Joubert, Productrice, présidente ALP, membre de PFDM

Anne-Cécile Mailfert, Présidente de la Fondation des Femmes

Solange Maribe, Journaliste culturelle, Shesaid.so France, coordinatrice de Majeur.e.s,

Lolita del Pino, Compositrice, membre de Troisième Autrice

Axelle Renoir, Compositrice Musicienne, membre de PFDM

Sandra Rondet, Directrice du CCAS de Rochefort

Laura Slimani, Responsable des programmes hébergement et précarité de la Fondation des Femmes

Isabelle Tardieu, Partner chez Uzik, MEWEM

Floriane Volt, Directrice des affaires publiques et juridiques de la Fondation des Femmes

 

Coach et facilitatrice

Fabienne Silvestre, Coach, co-fondatrice du Lab et co-fondatrice des Arcs Film Festival

 

Observatrice

Lise Perottet, assistante du Lab Femmes de Cinéma

DÉROULÉ DE L’ATELIER

Le 22 juin 2022, le festival de la rencontre de la Musique et de l’Image, Sœurs Jumelles organisait une journée dédiée aux Femmes. Tout au long de la journée se tenaient des débats, rencontres et ateliers centrés sur la parité, sur la présence des femmes dans les différents secteurs de l’audiovisuel et sur les représentations des femmes à l’écran. C’est dans ce contexte que le Lab a organisé un atelier, en partenariat avec la Fondation des Femmes et avec le soutien des YouTubeuses Camille Giry et Lou Howard.

L’objectif de l’atelier était de trouver des solutions concrètes en intelligence collective pour permettre plus de parité dans les différents secteurs de l’audiovisuel. En effet, ces thématiques de parité et de mixité sont transversales à tous les secteurs : le cinéma, les séries, la musique et les réseaux sociaux… Ces thématiques sont aussi les grands sujets de demain, avec les discriminations que peuvent générer les intelligences artificielles ou encore avec l’essor du Web 3.0 et la place que les femmes occuperont dans celui-ci. Les problématiques étant communes et transversales à ces secteurs, les participantes ont cherché des réponses et des solutions collectives qui fonctionnent dans les différentes industries culturelles.

Tout au long de ce compte rendu, il sera en effet question de « participantes ». Comme habituellement, nos ateliers sont mixtes, toutefois seules des femmes se sont inscrites et ont participé à cet atelier du Lab.

 

ÉTAT DES LIEUX

L’atelier à commencé par un état des lieux sur le thème de la place des femmes dans le secteur de l’audiovisuel. Ont été présentés les secteurs du cinéma, des séries, de la musique à l’image et des réseaux sociaux.

Pour finir cet état des lieux, nous avons eu une présentation de La Fondation des Femmes, association française pionnière sur les thématiques de droit des femmes et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

 

Retrouvez l’état des lieux en intégralité dans le compte rendu détaillé.

LES ENJEUX DU MANQUE DE MIXITÉ

Nous sommes ensuite passés à la partie « World Café » de l’atelier, qui consiste à travailler en petits groupes sur 3 questions successives. La composition des groupes est différente pour chaque question afin que les intervenantes rencontrent et échangent avec le plus de personnes possibles.

Le manque de pluralité des représentations. En ce qui concerne les représentations, la question « qui sont les personnes qui modèlent nos récits et donc nos imaginaires collectifs ? » est revenue dans plusieurs groupes. Le « Male Gaze »3 ne présente qu’une seule vision du monde, celle d’un homme blanc, cisgenre, hétérosexuel et valide. Non seulement on passe à côté de nombreux récits, mais surtout certaines personnes ne se voient jamais représentées à l’écran, ou seulement de manière stéréotypée. Ont été mentionnés les personnes non-blanches, transgenres, non- hétérosexuelles ou encore les femmes de plus de 50 ans. Cette vision unique forge nos imaginaires et imprègnent de fait la société de stéréotypes et de biais.

Le cercle vicieux des sphères de pouvoir. Ces industries sont peuplées d’hommes qui en maîtrisent parfaitement les codes car créés, mis en place et pensés, même inconsciemment, pour des hommes. Les qualités valorisées sont celles que l’on qualifie généralement de « masculines » et que l’on enseigne aux garçons dès leur plus jeune âge. Pensons par exemple au fait de prendre de la place, de parler fort, de toujours donner son avis, de ne pas avoir peur de l’échec… De fait, les femmes qui intègrent les hautes sphères doivent se soumettre et s’adapter à un certain nombre de codes qu’elles n’ont pas nécessairement appris et avec lesquels elles sont plus ou moins à l’aise. Une maîtrise approximative des codes peut contribuer, aux yeux de leurs collègues masculins, à fragiliser leur légitimité et à remettre en cause leurs compétences. Cella peut aussi provoquer un sentiment d’auto-censure et créer un réel syndrome de l’impostrice chez les femmes qui réussissent à atteindre des hautes sphères dans ces industries. Le fait que la direction de ces milieux, tant dans la musique, que sur les réseaux ou encore dans le cinéma soit presque exclusivement masculine crée un autre problème qui vise à exclure les femmes : les risques de subir des comportements sexistes, des remarques et commentaires voire des agressions sexuelles… Plusieurs participantes témoignent de la peur qu’elles ont déjà ressentie en entreprise dans des réunions qui ne comptaient aucune femme et en présence d’hommes ayant une réputation ou un passé avéré d’agresseurs. L’aspect sécuritaire est aussi lié au secteur de l’audiovisuel où les horaires sont souvent décalés. Il n’est pas rare sur un tournage ou sur un projet musical de travailler de nuit. Non seulement ces horaires ne sont pas adaptés pour les femmes qui ont des enfants et dont la garde leur est bien souvent attribuée mais également, étant éduquées et socialisées à avoir peur la nuit dans l’espace public, les femmes travaillant dans ces secteurs peuvent avoir davantage de craintes à rentrer tard et appréhender durant leurs heures de travail leur trajet pour rentrer chez elles.

Un accès encore inégal aux hauts budgets. Le dernier point clé évoqué dans cette première partie est celui de l’argent et du budget. Il y a d’une part un fort tabou autour de l’argent et des salaires pour les femmes employées dans les différents secteurs de l’audiovisuel. Les filles et femmes n’apprennent jamais à parler d’argent, à négocier des salaires ou des budgets et se sentent souvent illégitimes à le faire. L’idée que l’argent est le « nerf de la guerre » dans ce secteur est revenue tout au long de l’atelier. Historiquement, cela fait des décennies et des décennies que les hommes se cooptent, parlent de salaires, travaillent dans différents secteurs et négocient. Pour les femmes, cela ne fait qu’une petite soixantaine d’années qu’elles peuvent avoir un travail sans demander la permission à leur époux, elles ont donc moins de 60 ans de négociations salariales derrière elles.

DES SOLUTIONS COLLECTIVES ET TRANSVERSALES

Dans ce deuxième temps, il a été demandé aux participantes de trouver en groupe des pistes de solutions, des actions politiques ou associatives pour permettre de pallier ce manque de mixité dans ces secteurs de l’audiovisuel. L’objectif était de trouver des actions qui transcendent les secteurs et peuvent être appliquées tant dans le cinéma, que dans les séries, sur les réseaux sociaux, dans la musique…

  • Raconter de nouvelles histoires plus diverses et inclusives
  • Une sensibilisation dès l’école
  • Une sensibilisation renforcée pour les professionnel.le.s du secteur
  • Mise en lumière de « role models »
  • Des mesures institutionnelles et politiques ambitieuses
  • L’accès au financement : « le nerf de la guerre »
  • Créer des lieux de rencontre…
  • …de sorte à s’organiser en réseaux…
  • …pour se structurer en groupe.

 

Retrouvez le détail des solutions proposées dans le compte rendu détaillé.

 

Parmi toutes les solutions proposées et toutes les thématiques abordées, les termes qui ont été le plus évoqués en conclusion sont ceux « d’entraide », de « soririté » et « d’adelphité ». Nous espérons que cela donnera lieu à des partages et à une réelle union et entraide entre les femmes et minorités genre de tous les secteurs de l’audiovisuel. Étant donné les discussions qui se sont poursuivies après la fin de l’atelier et les nombreux échanges de numéros et de contacts que nous avons constatés, nous n’en doutons pas.

 

Un grand merci à Julie Gayet et à son festival Soeurs Jumelles qui a su mettre à l’honneur les femmes de toute la chaîne de l’audiovisuel, merci à la Fondation des Femmes, merci à Lou Howard et Camille Giry et merci à toutes les participantes pour ces moments d’échanges passionnants.

CITATIONS PÉPITES

« C’est très paradoxal que certain.e.s aient l’impression que donner à des femmes des gros budgets représente une prise de risque plus importante que si le budget allait à un homme. Ce sont les femmes qui gèrent souvent l’argent au sein de la cellule familiale, mais on ne leur fait toujours pas confiance pour gérer des gros budgets sur des projets artistiques par exemple. »

« On compte aujourd’hui 112 sociétés de flux. Seul 6 sont présidées par des femmes.»« La belle chose de cette histoire est que ce qui m’a aidé, c’est la sororité et j’y crois encore énormément. »

« Les femmes dans le cinéma sont trop peu nombreuses mais bien plus nombreuses que dans la musique. Et c’est encore pire sur les réseaux sociaux, youtube et dans l’univers du gaming. Heureusement qu’on a des lieux de rencontre comme le Festival Soeurs Jumelles pour réfléchir à la parité de manière inter-sectorielle dans nos métiers »

« Souvent je me sens en colère, mais c’est une colère qui me porte. »

« Je suis compositrice depuis un certain nombre d’années et je constate qu’on est toujours très très peu nombreuses. »

« On a vraiment l’impression que la solidarité entre hommes dépasse la solidarité entre époux. »

« Ça fait 18 mois que je sais que je suis une femme. J’avais l’impression de n’avoir jamais subi de sexisme et j’ai eu un différent avec un homme avec qui je travaillais. J’ai appris par d’autres collèges que ce différent était lié au fait… que je sois une femme. »

*Pour mémoire : règles de confidentialité et de publication du Lab :

Nous utilisons la règle dite de Chatham House, du nom d’un célèbre think tank britannique.

Cette règle est utilisée pour réglementer la confidentialité des informations échangées lors d’une réunion : quand une réunion se déroule sous cette règle, les participants sont libres d’utiliser les informations collectées à cette occasion, mais ils ne doivent révéler ni l’identité, ni l’affiliation des personnes à l’origine de ces informations. Cela permet une plus grande liberté de parole et des prises de positions plus fortes.

La liste des participants aux ateliers est en revanche publique, dans le but d’indiquer la diversité et la qualité des personnes présentes et donner de la valeur aux idées émises.