Elise Pillet a rejoint l’équipe du Lab au début du mois de février. Elle finit actuellement ses études à Sciences Po Toulouse, où elle s’est spécialisée en « politique genre et discriminations ».

C’est une stagiaire qui nous apporte énormément, par sa connaissance des théories, la rigueur de sa méthodologie et son regard qui toujours nous questionne sur la meilleure manière d’aborder les sujets liés au féminisme et à l’égalité, dans le cinéma et au delà 🙏

1 – Ton confinement : il a lieu où et tu l’envisages/le vis comment?

Je suis confinée chez mes parents à Avignon. Le confinement ne m’est pas trop pénible, je n’ai pas un travail ni des conditions qui m’obligeraient à être exposée en permanence, un vrai luxe en ces temps d’exploitation féroce

2 – Comment tu as connu le Lab et ce que tu y as vécu, ce que tu en penses

Je suivais le Lab sur les réseaux jusqu’à mon stage de fin d’études où j’ai décidé d’y postuler. Ce qu’il manque aujourd’hui; c’est du temps, des espaces de réflexion, de discussions et de connexion, et c’est, je crois, ce qu’apporte le Lab avec les ateliers et les masterclass. Ce qui m’intéresse également, c’est cette capacité à connecter toustes les acteur/rices de la chaine du cinéma grâce à son réseau.

Alors évidemment, avec le confinement je suis un peu déçue de ne pas participer à ces moments de richesse, mais l’important c’est qu’ils existent. C’est peut-être le destin après tout….Ca me permet d’approfondir l’autre partie du Lab, celle qui fouille, qui explore l’imbrication des discriminations et qui les met en lumière. Puisqu’après tout, c’est la première tâche du féminisme, avant de combattre l’oppression, il faut la découvrir !

3 – Cite un ou pusieurs films réalisés par des femmes qui t’ont marquée et que tu as envie de faire découvrir. Dire pourquoi en quelques mots.

Je suis du genre à être obsédée par des films, quand c’est le cas, c’est une boucle, j’y retourne encore et encore, je sélectionne des passages, parfois je regarde un passage de 30 secondes en boucle. C’est très irrationnel, mais j’aime bien.

J’ai eu cette obsession pour American Honey, de Andrea Arnold, Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma (ou pour ma vie de courgette, sur lequel elle est scénariste), ou Atlantique de Mati Diop (la BO de Fatima Al Qadiri m’accompagne encore quand je travaille).

Sinon, j’aime beaucoup:

Heureux comme Lazzaro et les Merveilles d’Alice Rohrwacher
Mon roi de Maïwenn (très intéressant les avis sur le personnage de V. Cassel après la sortie du film, est-il un pervers narcissique, ou simplement un homme ? Ouille, je vais me faire taper dessus).
American Psycho, de Mary Harron m’a fait beaucoup rire.
Corniche Kennedy, Dominique Cabrera
Share, de Pippa Bianco

En série:
Top of the Lake, de Jane Campion

En film d’animation:
– (derrière ma vie de courgette donc), Silent Voice, de Naoko Yamada

En documentaire:
– L’un des meilleurs documentaires que j’ai pu voir (et que je n’aurais jamais vu sans Tenk), Karaoké Domestique de Inès Rabadan
Le dernier que j’ai vu, Des hommes, de Alice Odiot (et Jean-Robert Viallet)

Enfin, les deux à toujours garder sous le coude : ouvrir la voix d’Amandine Gay et je ne suis pas féministe mais… de Florence et Sylvie Tissot.

4 – un adjectif pour qualifier ton féminisme

Radical, destructeur, organisé et utopique. Parce que je crois que c’est exactement ce qu’il nous manque. Il faut détruire la société telle qu’elle est et non la réformer par ci/par là, Hélène Cixous dit “détruire, casser, prévoir l’imprévu, projeter”.
Je crois qu’il faut aussi s’organiser collectivement, construire nos propres objectifs et enfin imaginer. Ce dernier élément est le plus fondamental, il faut réhabiliter l’utopie parce que comme le dit Audre Lorde « Ce sont nos rêves qui nous indiquent le chemin de la liberté ».