Rapports commandés par les centres de cinéma nationaux et autres études réalisées sur la situation des femmes dans la création cinématographique

 

  • Rapports des centres nationaux de cinéma

La plupart des centres nationaux de cinéma publient des rapports annuels sur la production et le financement des films (généralement appelés « Facts and figures ») en intégrant une dimension genrée. C’est le cas de la Belgique, de la Croatie, du Danemark, de la Finlande (depuis 2016), de l’Irlande, de l’Italie, de la Norvège, des Pays-Bas, de la Pologne (qui devrait sortir en 2018), de la Suède (qui en plus va réaliser une étude sur la période depuis l’année 2000).

Nous pouvons constater que pour plusieurs pays, les premiers rapports qu’ils ont publiés étaient liés à leur collaboration avec l’EWA pour la sortie de l’étude sur les femmes réalisatrices dans le cinéma européen. Il s’agit de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Croatie, de la France, de l’Italie, du Royaume-Uni et de la Suède. C’est également le cas de la Slovaquie, mais une seule présentation a été réalisée, il n’y a pas eu de suivi par la suite.

Au Royaume-Uni, c’est le syndicat des réalisateurs « Directors UK » qui a demandé une étude sur la part des femmes chez les réalisateur·rices. Ils demandent de plus que la moitié des fonds publics pour les films soient à destination de film réalisés par des femmes d’ici 2020. Ils veulent également que les films répondent à des critères de diversité (incluant des facteurs de genre) avant de recevoir des fonds gouvernementaux.

Nous trouvons une même démarche en Suisse où c’est l’association ARF/FDS qui regroupe des cinéastes suisses qui a lancé, en 2015, une étude sur le sujet. Dans cette étude, il est mis en évidence que les auteures de scénarios, réalisatrices et productrices obtiennent moins d’aides financières que leurs collègues masculins, quelle que soit l’institution d’encouragement. De plus, la proportion de femmes dans l’encouragement du cinéma ne cesse de diminuer entre le nombre de projets déposés (31%), celui de réponses positives (28%) et le montant des aides obtenues (22%).

Dans certains pays, des études plus poussées sur la situation des femmes dans le cinéma sont mandatées par les centres de cinéma nationaux. Il s’agit souvent d’étude ponctuelles qui donnent des informations sur des périodes plus longues.

En France, deux rapports centrés sur « la place des femmes dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle » ont ainsi été menés par le CNC, en 2014 et 2017. Ces rapports sont très complets avec des informations notamment sur les différences de salaires entre réalisateurs et réalisatrices. Cependant, il s’agit d’études ad hoc, qui n’ont pas vocation à être produites annuellement.

Au Portugal, il n’y a pas de rapports annuels sur la question mais une étude assez développée a été produite sur le sujet et s’intéresse aux évolutions de la situation des réalisatrices et femmes de cinéma sur la période 2003-2013.

La Suède, de son côté, s’engage à publier en plus du rapport annuel, une étude qualitative sur le type de films sur lesquels les femmes ont la possibilité de travailler (budget, type de production, etc…).

De son côté, l’Institut de cinéma norvégien prévoit d’évaluer les résultats de ses mesures mises en place sur une période longue, en 2020. Pour cela, il prévoit d’entrer en collaboration, quant à cette problématique, avec d’autres institutions du secteur du cinéma, au niveau régional, national et international.

  • Recherches universitaires

Parfois, en plus de ces rapports statistiques, les centres nationaux s’allient avec des centres universitaires pour faire des recherches plus avancées sur la répartition des genres dans le cinéma, notamment derrière la caméra.

C’est par exemple le cas de l’Autriche qui mixe deux politiques d’information. D’une part l’Austrian Film Institute informe via le site « Gender in equality » et va bientôt publier un premier rapport sur le genre dans le cinéma australien, d’autre part, au niveau universitaire, le département de sociologie de l’Université de Vienne commence à rassembler des statistiques sur la répartition des sexes dans l’industrie cinématographique nationale sur la période 2012-2016 pour l’analyser.

Le Danemark s’est également lancé dans ce type de politique. Un projet de recherche a ainsi été mis en place et devrait être publié au début de l’année 2018. Cette enquête, dont le cadre est en parti conçu par des réalisateur·rices danois·es, s’intéresse aux obstacles auxquels les femmes réalisatrices sont confrontées lors de leurs études (jusqu’au diplôme). Des entretiens vont ainsi être réalisés dans les écoles de cinéma danoises, seulement chez les personnes se destinant à la carrière de réalisateur·rice, et il s’agira de comparer les expériences des femmes et des hommes.

En Allemagne, le German Federal Filmboard ne publie pas de rapport annuel avec des informations sur le genre des réalisateur·rices dont les films sont aidés financièrement. En revanche, l’institut a commandé une étude sur le sujet qui a été réalisée par l’University of Rostock et publiée en février 2015. Cette étude, en plus de données des informations chiffrées, propose des mesures afin de dépasser ces inégalités (campagnes de sensibilisation, monitoring).

L’Espagne a également réalisé une étude, en 2007, sur les femmes dans le secteur audiovisuel, coordonnée par la sociologue Fatima Arranz et réalisée par l’Universidad Complutense de Madrid.