Dans le cadre de la 8ème édition du Festival de Cinéma Européen des Arcs, du 10 au 17 décembre 2016, a été organisé le Programme Nouvelles Femmes de Cinéma, dont l’objectif est de mettre en lumière des réalisatrices européennes émergentes. C’est dans ce contexte que nous avons décidé de mener une étude, afin d’identifier la position des réalisatrices de la nouvelle génération dans le paysage cinématographique européen.
L’étude porte sur la période 2012-2015 (inclus)
Etude quantitative : ce qu’il faut retenir
Les résultats de l’étude sont probants. Si les films européens sont aujourd’hui réalisés par 19,4% de femmes toutes générations confondues, ce chiffre est de 23,3% pour les 1ers films, 22,44% pour les 1ers et 2èmes films confondus, et de 15,42% pour les 3èmes films et plus. Ainsi, entre les générations plus anciennes et les plus jeunes, on observe une augmentation de 51,1% de la proportion de femmes réalisatrices. |
L’étude menée par l’équipe du Festival des Arcs démontre donc que la situation des réalisatrices en Europe n’est pas statique : elle est en pleine évolution, mais les chiffres de cette évolution sont amortis par la sédimentation de films de réalisateurs appartenant aux générations plus anciennes. Cela signifie aussi que les statistiques générales sur la proportion de femmes réalisatrices seront toujours en retard par rapport à l’évolution de la situation réelle.
En complément de cette dimension quantitative, l’étude 2016 propose également une analyse qualitative pour tenter de comprendre et d’expliquer cette évolution
Etude qualitative : ce qu’il faut retenir
Pour cela, les centres nationaux du cinéma des différents pays étudiés ont été contactés et interrogés sur les mesures éventuelles qu’ils avaient adoptées pour améliorer la proportion de films réalisés par des femmes.
La plupart des pays avaient franchi l’étape de la prise de conscience quant à l’enjeu, et beaucoup avaient déjà mis en place des politiques.
En tête de file, la Norvège et la Suède sont les deux pays qui présentent les meilleures proportions de films réalisés par des femmes, ainsi que les mesures les plus complètes pour faire face au défi. En plus d’une politique de quotas imposante (40% de financements publics attribués aux femmes en Norvège, 50% en Suède), le NFI (Norwegian Film Institute) et le SFI (Swedish Film Institute) ont élaboré des politiques de sensibilisation à la problématique et d’encouragement aux réalisatrices.
Aucun autre pays n’a encore imposé de quotas, mais nombreux sont ceux qui ont instauré des objectifs en termes de financement de films réalisés par des femmes (généralement à horizon 2020). Beaucoup ont aussi mis en place des soft quotas, permettant de prioriser les projets défendus par des femmes.
Certains pays, comme la Roumanie, ont décidé de n’adopter aucune mesure, afin de respecter le talent de chacune et chacun. Il est intéressant d’observer que les chiffres de ce pays sont en croissance, malgré l’absence de politiques volontaristes. Cela en dit long sur les transformations culturelles en cours, qui transcendent les mesures politiques quand ces dernières ne les catalysent pas.