Photo © Romuald Maginot

Participant·e·s

Delphine Crozatier, productrice, Contrebande Productions.

Ilann Girard, producteur, Arsam International.

Tristan Goligher, producteur The Bureau Film Company.

Vanessa Djian, productrice, Daï Daï Films.

Julia Langhof, réalisatrice, Lomo.

Laurent Lavolé, producteur, Gloria Films.

Françoise Pams, conseillère spéciale auprès de la présidente de la CNC.

Pamela Pianezza, journaliste, photographe, critique, Tess magazine.

Jérémy Zelnik, responsable industrie au Festival des Arcs.

Observateur·trice·s

Maria Raluca Hanea, directrice artistique adjointe du Festival des Arcs.

Flore Brabant, Lab « Femmes de cinéma »

Guillaume Calop, délégué général du Festival de cinéma européen des Arcs

 

Animateur·trice·s

Fabienne Silvestre-Bertoncini, co-fondatrice du Festival des Arcs, responsable du Lab « Femmes de Cinéma ».

Geoffroy Grison, scénariste, co-président du Deuxième Regard.

A travers les témoignages

Formation. C’est avant tout par la formation et l’enseignement que les mentalités peuvent changer. L’action publique dans ce domaine est déterminante. Beaucoup de femmes diplômées des écoles de cinéma n’intègrent pas d’équipe de film et ne poursuivent pas leur carrière dans le cinéma. Elles s’investissent dans d’autres métiers afin d’avoir un revenu plus stable, plus compatible avec une vie de famille quand elles en ont le projet.

De nouveaux regards. Les réalisatrices apportent des points de vue forts et nouveaux sur certains sujets. Un producteur évoque deux de ses films en production réalisés par des femmes, l’un sur le l’émancipation d’une jeune femme réalisé par une réalisatrice syrienne, l’autre se déroulant dans le Sud de l’Afghanistan et réalisé par une française. Des personnages féminins forts, complexes, dans des mondes très masculins.

Le débat des quotas. L’approche anglo-saxonne des quotas pose question, elle peut biaiser le jugement, et pose le problème de la qualité des projets. Ce système peut aller, au final, au désavantage des femmes. Faut-il mener une politique de court-terme de quotas, de systèmes de points comme en Suède, ou comme l’a mis en place Eurimage, qui produisent parfois des effets négatifs, ou une politique de long-terme de changement de mentalités ?

Maternité. Il est difficile d’avoir des enfants et de poursuivre sa carrière de réalisatrice, notamment sur la question de la garde des enfants. Mais de plus en plus d’hommes s’impliquent dans la vie de famille et l’apprécient, cela permet aux femmes de s’investir aussi dans leur carrière personnelle. Il faut continuer dans ce sens, et développer les mesures d’accompagnement des professionnelles qui ont des jeunes enfants.

La responsabilité des médias. Le langage est fondamental sur les questions de genre. Les médias construisent les mentalités à travers leurs mots et leur point de vu, ils ont un rôle fondamental et doivent prendre en compte les femmes dans le cinéma. Tant que ça ne change pas de ce côté, il ne peut pas y avoir de grandes avancées. Les femmes doivent pouvoir affirmer leurs choix et être traitées à égalité.

La célébration d’un cinéma viriliste et masculin. Un producteur raconte qu’il a produit pour la première fois un film réalisé par une femme, et le film a été le plus difficile à financer qu’il n’ait jamais eu. Sur un autre film dont le personnage principal était une femme, la seule chose qui semblait intéresser la presse à sa sortie était la vie sexuelle du personnage, allant jusqu’à l’appeler une « salope » parce qu’elle faisait l’amour avec deux hommes différents en deux semaines.

Le retard de l’industrie sur l’égalité des sexes. En politique et dans les entreprises privées, les lois de quotas et la plupart des débats sur la place des femmes ont eu lieu il y a vingt ans. Dans le cinéma, cette réflexion commence à peine.

Le harcèlement sexuel. C’est un problème extrêmement récurrent dans le cinéma et qui était invisible jusqu’à l’affaire Weinstein. Une participante rapporte le cas d’une jeune actrice qui s’est faite harceler par un acteur connu et qui avait déjà harcelé d’autres femmes Elle a tenté d’en parler, de donner l’alerte, elle a rédigé une lettre ouverte, mais aucun média n’a réagi. Quand l’affaire Weinstein a éclaté, ces mêmes médias se sont empressés de la rappeler pour avoir son témoignage.

Les stéréotypes. On a le sentiment qu’on attend des films de plus en plus simplistes, avec des personnages clichés, que ce soit dans les films américains à gros budgets comme dans les comédies françaises. Il y a souvent une prime au stéréotype, comme si d’un point de vue commercial c’était plus vendeur.

Les budgets. Les femmes disposent de budgets moins importants que les hommes pour réaliser leurs films. Est-ce dû au manque de confiance des responsables financiers vis-à-vis de leur projet ou les femmes ne souhaitent-elles pas se battre sur ce domaine ?

Citations pépites

« Il faut bannir deux mots lorsqu’on parle des réalisatrices : sensible et hystérique. »

« Quand un homme se plaint de ne plus savoir comment parler aux femmes, après l’affaire Weinstein, la réponse est simple : Demande-toi si tu dirais la même chose à Dwayne ‘the Rock’ Johnson ? »

« Le cinéma est la projection des archétypes d’une société. »

« Je ne suis pas d’accord avec la façon dont le harcèlement est présenté par les médias. Pour moi c’est plus une question de pouvoir qu’une question de sexe. »

Idées

  • Considérer davantage les mots que l’on utilise (dans les scénarios, la presse, les discours), éviter le vocabulaire sexiste et sensibiliser les médias.
  • Mettre en place des gardes d’enfants sur les plateaux de tournage, en particulier pour les tournages qui se déroulent dans des lieux isolés. Intégrer ces dépenses dans le budget des films. Et dans les festivals également.
  • Encourager la parité dans les équipes de tournage en utilisant un système de points valorisant les équipes où l’on trouve un nombre égal de femmes et d’hommes.
  • Eduquer à tous les niveaux du système scolaire afin de permettre une prise de conscience générale sur ces questions.
  • Pour chaque festival recevant des fonds publics, exiger des statistiques sur le nombre de réalisatrices en compétition, comme de femmes aux autres postes (production, scénario…). Le financement public des festivals devrait être conditionné par ces informations.
  • Pousser les chaînes de télévision à embaucher plus de réalisatrices dans les séries. Les séries semblent plus ouvertes aux réalisatrices car c’est un domaine récent. Il serait intéressant de comparer les chiffres sur les réalisatrices de cinéma et les réalisatrices de séries : pourcentage global, rapidité de carrière etc.
Photo © Pidz

*Pour mémoire : règles de confidentialité et de publication du Lab :

Nous utilisons la règle dite de Chatham House, du nom d’un célèbre think tank britannique.

Cette règle est utilisée pour réglementer la confidentialité des informations échangées lors d’une réunion : quand une réunion se déroule sous cette règle, les participants sont libres d’utiliser les informations collectées à cette occasion, mais ils ne doivent révéler ni l’identité, ni l’affiliation des personnes à l’origine de ces informations. Cela permet une plus grande liberté de parole et des prises de positions plus fortes.

La liste des participants aux ateliers est en revanche publique, dans le but d’indiquer la diversité et la qualité des personnes présentes et donner de la valeur aux idées émises