Soft quotas : à qualité égale de dossier, le comité de financement privilégie les films réalisés par des femmes

Le centre Wallon, en Belgique, est un institut pionnier sur les politiques de hiérarchisation en ayant mis en place une politique de soft quotas au niveau de l’avance sur recette. Il s’agit de privilégier les films réalisés par des femmes, à qualité égale de dossier. Aucun objectif particulier de proportion de films réalisés par des femmes n’est néanmoins établi.

En Norvège, dans l’objectif de parvenir à 50% de femmes parmi les demandeurs d’aide, l’Institut a décidé d’inciter les femmes à demander ces subventions grâce à une hiérarchisation de leurs projets, étudiés en priorité.

Politiques d’évaluation : mise en place de critères d’évaluation et de sélection pour les dossiers des subventions selon le degré de diversité auquel le projet contribue

Parmi les politiques de hiérarchisation, nous avons classé les politiques d’évaluation, que l’on retrouve dans plusieurs pays. Il s’agit généralement pour les réalisateurs qui demandent une aide de financement à l’institut de cinéma d’indiquer la répartition des sexes, devant et derrière la caméra, sur le projet qu’ils défendent.

En Espagne, l’article 25 de la Ley del Ciné prévoit que les commissions qui attribuent les subventions prennent en considération, au moment d’effectuer leur choix, en plus de la qualité du projet, de sa viabilité commerciale et de la stabilité financière de sa société de production, la parité de représentation des sexes du côté des réalisateurs et des scénaristes. Un décret vient compléter cette loi. Il définit des barèmes de points que les comités sont obligés de prendre en considération au moment d’effectuer leurs décisions.

Un premier barème concerne les soutiens automatiques, attribués en fonction de la note sur 100 qu’obtient un film, suivant un certain nombre de critères. Parmi les critères à « Impact socioéconomique », nous pouvons trouver les critères suivants : réalisatrice femme (1 point), scénariste femme (1 point), productrice exécutive femme (1 point), autres auteures femmes (0,5 points), chefs d’équipe femmes (0,5 points), pour un total de 4 points sur 100. Ainsi, la présence de femmes aux postes clés du film a un impact de 4% sur les films financés par le soutien automatique.

Un second barème concerne les aides sélectives. Bien que la décision finale quant à l’attribution de ces aides soit l’œuvre d’un comité ayant travaillé sur la cohérence artistique et financière du projet, seuls les films ayant atteint un certain nombre de points dans ce barème passent la première étape de « sélection naturelle » et sont soumis au comité. Ce barème présente un total de 71 points et, selon les mêmes critères que dans le premier barème, la présence de femmes dans l’équipe du film est notée sur 4 points. Ainsi, la présence de femmes aux postes clés du film a un impact de 5,6% sur le passage des films de la première étape vers l’aide sélective.

En Italie, une loi similaire sur les films, approuvée à la fin de l’année 2016, a apporté des changements dans tout le système d’octroi de subventions. Il existe désormais tout un système de points qui sont attribués aux projets dont l’équipe créative est principalement composée de femmes et surtout si une femme réalisatrice y est rattachée. Dans ce dernier cas, 15 points (le maximum) sont accordés au projet. Comme en Espagne, il existe un barème pour les aides sélectives et un barème pour les soutiens automatiques.

Les Pays-Bas ont également mis en place des critères de sélection dans les dossiers de subvention, à partir de janvier 2017. Lors d’une demande de subvention, le comité évalue la demande au regard de la qualité du projet mais aussi au regard de la contribution à la diversité afin de voir s’il attribue ou non le financement. Cette mesure ne concerne pas uniquement la question de l’égalité des sexes mais la diversité dans sa généralité (en termes d’âge, de genre, de culture, de handicap).

La situation est similaire au Royaume-Uni, où les films demandant une subvention au British Film Institute devront respecter des critères de diversité (selon la diversité en terme de genre, d’ethnie, d’âge etc.. devant la caméra, derrière la caméra et selon le public visé). En pratique, les réalisateurs devront démontrer que leur projet respecte au moins deux des trois critères suivants : des opportunités pour les stagiaires de progresser dans leur carrière, au moins deux chefs de départements de divers milieux et au moins 30% des personnages reflétant positivement la diversité.

Ainsi aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, cette politique d’évaluation dépasse la seule question d’égalité des sexes.

En Irlande, à partir de septembre 2017, un soutien accru pouvant aller jusqu’à 100 000 euros est désormais accordé aux projets de long-métrages créatifs réalisés par une femme.

En Pologne, le nouveau président du Polish Film Institue, qui a été nommé à la fin de l’année 2017, a signé une nouvelle résolution incluant un paragraphe qui oblige désormais toutes les personnes en demande de subvention à indiquer si son projet passe ou non le Bechdel Test.

Le Danemark, quant à lui, a décidé de mettre en place une mesure pour début 2018. L’institut est ainsi en train de travailler sur une grille d’évaluation que les producteurs devront remplir à la demande d’un financement pour indiquer la composition genrée des équipes.

Nous trouvons également, dans ce cadre, une mesure originale, mise en place en Autriche en 2017. Il s’agit du Gender Incentive : si un projet qui a demandé un financement a suffisamment de femmes dans certaines têtes de départements spécifiques (production, réalisation, script, caméra, son…) alors, le prochain projet se verra accordé automatiquement 30 000 euros pour son développement. Cette mesure s’ajoute à une politique dite du « Bechdel test » en vigueur depuis 2016.