© Serena Porcher-Carli

Participantes

Clarisse Andry, Journaliste, Secrétaire Générale de « Les Internettes »,

Séraphine Angoula, Directrice du développement de « Série Series Africa », Co-présidente du Collectif 5050,

Camille Aumont Carnel, Leadeuse d’opinion, entrepreneuse et autrice : @jemenbatsleclito @camilleaumontcarnel,

Clara Benyamin, Avocate, Fondatrice et avocate chez CBLF AVOCATS,

Clémentine Charlemaine, Déléguée générale de « Cinéma pour Tous », Co- présidente du Collectif 5050,

Delphine Ciampi Ellis, Compositrice, Présidente Commission égalité femmes- hommes SACEM, Co-présidente du collectif Troisième Autrice, Membre CA de l’UNAC,

Vanessa Djian, Productrice, Co-fondatrice Girls Support Girls,

Erin Doherty, Directrice communication de la maison Sisley,

Marie Franville, Co-fondatrice et CEO de Nabiya,

Leslie De Gouville, Chargée de mission Europe – Egalité femmes hommes du CNM,

Violaine Gressier, Global Industry Head, Luxury & Beauty chez Meta, Membre de Women@Meta,

Sophie Lainé Diodovic, Directrice de Casting, membre du CA du Collectif 5050,

Amélie Lenoir, Co-présidente de « les Internettes »,

Murielle Monclair, Fondatrice de l’agence CARTEL,

Delphine Nicolini, Consultante et Productrice Artistique Indépendante en Animation, Co-présidente de « Les Femmes s’Animent »,

Laura Pertuy, Journaliste, Productrice, Programmatrice, Co-Secrétaire générale du Collectif 5050,

Catherine Piffaretti, Comédienne, Co- référente de la commission AAFA-Tunnel de la comédienne 50 ans,

Katell Pouliquen, Directrice de la rédaction de Marie Claire,

Sarah Reese, Responsable coordination éditoriale Séries TV chez STUDIOCANAL,

Caroline Rogard, Directrice De La Communication chez Audiens,

Priscilla Siney, Productrice, membre de PFDM,

Leslie Thomas, Secrétaire Générale du CNC.

 

Coach et facilitateur.rice.s

Fabienne Silvestre, Directrice et co- fondatrice du Lab Femmes de cinéma, co- fondatrice des Arcs Film Festival,

Guillaume Calop, Co-fondateur du Lab Femmes de cinéma, fondateur et délégué général des Arcs Film Festival,

Lise Perottet, Coordinatrice du Lab Femmes de cinéma
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Observatrices

Serena Porcher-Carli, Photographe et réalisatrice,

 

CONTEXTE DE L’ATELIER ET ÉTAT DES LIEUX

En juin 2022, le Lab Femmes de cinéma a organisé un atelier avec différent.e.s professionnel.le.s du secteur du cinéma et de la musique à l’image, dans le cadre du festival Sœurs Jumelles . L’un des constats de l’atelier avait été que ces thématiques de parité et de mixité sont transversales à tous les secteurs mais que les niveaux d’avancement sont eux différents : le secteur du cinéma, bien que loin de la parité, est plus avancé sur ces questions que le secteur de la musique à l’image, qui est lui même plus avancé que le secteur du jeu vidéo, lui même plus avancé que celui de la tech et du Web 3.0… Les problématiques liées aux questions de parité et de mixité étant trans-sectorielles, nous avons donc cherché à regrouper les professionnel.le.s qui oeuvrent pour davantage d’inclusion dans leurs secteurs respectifs : si ces problématiques sont communes, notre intuition de départ était qu’il serait sûrement possible d’imaginer des solutions et des actions communes.

Le Lab a rédigé une synthèse, qui présente des chiffres et des données clés ici. En quelques pages, cette note nous montre l’aspect trans-sectoriel des problématiques liées à la parité et à la mixité. Retrouvez l’état des lieux complet ici.

 

 

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LES ENJEUX DU MANQUE DE PARITÉ

Dans cette première partie, les participant.e.s ont dû réfléchir aux problématiques liées au manque de parité et de mixité dans leurs secteurs respectifs. Il s’agit ici d’un compte-rendu le plus exhaustif possible des discussions qui ont eu lieu aux différentes tables.

QUELLE PLACE POUR LES FEMMES EN ENTREPRISE ? Il apparait plus complexe pour les femmes – et pour toute personne sujette à discrimination – de trouver sa place en entreprise : il est plus difficile de se faire entendre, de se faire écouter, d’accéder à des postes de pouvoir. Les participant.e.s ont souligné pour cela deux enjeux principaux :

  • L’éducation différentialiste et genrée apprend aux filles à douter de leurs compétences. De là nait leur syndrome de l’impostrice, qui les décourage à postuler aux opportunités leur permettant d’accéder à des emplois à plus haute responsabilité, aux fonctions créatives ou à demander des budgets plus importants pour un projet donné. Cette éducation différentialiste ne valorise également que très peu des « role models » au féminin : peu de femmes sont médiatisées dans ces carrières, de fait moins de petites filles peuvent se projeter dans ces secteurs. Cette exclusion entraîne donc un cercle vicieux : le manque de parité dans les postes les plus prestigieux implique un manque de représentation qui lui-même implique une part plus faible de femmes qui se projettent dans ces industries et qui font donc les études allant en ce sens ;
  • Les discriminations et stéréotypes dont les femmes sont victimes ralentissent leur carrière et leur progression dans des postes à hautes responsabilités. Cette défiance et ces discriminations impliquent également un épuisement des personnes sujettes à discrimination qui doivent faire davantage leurs preuves, donc travailler avec plus d’acharnement pour arriver aux mêmes étapes de carrière que ceux qui ne subissent pas de discriminations.

UN MANQUE DE MIXITÉ QUI BRIDE LA CRÉATIVITÉ Le manque de parité ne représente qu’une petite partie du problème : le manque d’inclusion de toutes les personnes sujettes à discrimination dans les industries de l’audiovisuel et de la tech est une problématique encore plus globale dont la parité ne représente qu’un aspect. Ce manque d’inclusion implique d’une part des secteurs plus hostiles à la mixité, où l’entre-soi rend l’inclusion plus complexe. D’autre part l’industrie se prive de nombreux talents et d’une diversité de points de vue, diversité pour le moins nécessaire dans un secteur qui participe grandement à la modélisation des imaginaires collectifs.

UN PROCESSUS CRÉATIF COMPLEXIFIÉ Ce manque de parité complexifie le processus de réalisation d’un projet porté par une femme du début à la fin du processus. Selon le vécu des participantes, dans les milieux très masculin, le mansplaining1 et le manterrupting2 empêchent les femmes présentant des idées de les développer en entier, cela représente un ralentissement dans leur travail, couplé d’une nécessité à devoir toujours justifier leurs choix et décisions, bien plus que lorsque des hommes présentent leurs idées et projets. Ce manque de mixité dans les équipes peut créer un sentiment d’isolation qui entraîne parfois du découragement. En particulier dans les secteurs de la musique à l’image et de la tech, certaines participantes expliquent avoir été découragées de nombreuses fois car manquant de soutien du premier pitch à la présentation finale d’un projet donné. Ce manque de soutien peut également procurer un sentiment d’illégitimité qui fera douter la porteuse du projet de ses compétences et fragilisera son assurance. Cela peut notamment pénaliser la phase de demande de financement.

 

Retrouvez tous les enjeux évoqués dans le compte rendu détaillé.

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DES SOLUTIONS POUR PERMETTRE PLUS DE PARITÉ AU SEIN DE CHAQUE SECTEUR

Les participant.e.s ont ensuite échangé sur les mesures à mettre en œuvre ou à approfondir dans les différents secteurs de l’audiovisuel et de la tech pour promouvoir davantage la parité et la mixité.

  • Agir en matière d’éducation et de formation
  • Visibiliser un panel plus important de profils différents
  • Réinventer les codes de l’industrie
  • Accompagner (et soutenir) par mesures politiques ambitieuses

Retrouvez le détail des solutions proposées dans le compte rendu détaillé

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DES SOLUTIONS TRANS-SECTORIELLES POUR PLUS DE PARITÉ

Les participant.e.s ont ensuite réfléchi ensemble à des solutions communes entre les différents secteurs : l’objectif de cette partie était de trouver comment « mutualiser les combats entre les différents secteurs ».

  • Quantifier les inégalités
  • Réaliser un travail institutionnel trans-sectoriel
  • Créer des outils communs
  • Imaginer une communication commune
  • Médiatiser des actions communes
  • Développer et nourrir nos réseaux communs

Retrouvez le détail des solutions proposées dans le compte rendu détaillé

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CITATIONS PÉPITES

« Je me suis toujours demandé pourquoi j’avais tendance à avoir des « a priori » sur les femmes avec qui je travaillais. Et puis avec le féminisme, j’ai réalisé que c’est le patriarcat qui faisait ça. C’est le patriarcat qui cherche à nous diviser pour mieux régner. »

« Il faut trouver comment militer sans intégrer les codes du patriarcat. »

« Il faut repenser et retisser la langue, repenser les expressions que l’on utilise. Aujourd’hui, la langue française est encore profondément sexiste. »

« Je suis « experte » de ce secteur. Non je me reprends, je suis experte ! Sans les guillemets. »

« La couverture du Film Français m’a tellement énervée ! Ça m’a énervée, mais le tollé qu’elle a provoqué m’a réjoui. Les gens réalisent que ce n’est plus possible de faire des unes pareilles. Il y a quelques années, je ne suis pas certaine que les réactions auraient été aussi nombreuses et unanimes, c’est donc que les mentalités changent. »

« À ce jour, je travaille avec 20 studios de jeux vidéo. Sur la totalité des équipes, de ces 20 studios, il n’y a qu’une seule femme. »

« Je pense à l’immensité des histoires qui restent à raconter »

« On s’indigne de tables rondes où il y a uniquement des hommes, mais il faudrait aussi que les hommes invités à ces panels refusent de prendre la parole s’ils ne sont pas associés à des femmes. »

« Il faut impérativement que cette prise de conscience ait lieu chez les hommes de l’industrie »

« Le diable se cache dans les représentations. »

« On représente les jeunes femmes seulement comme des êtres sexués et désirables. Dès qu’elles passent le cap des 50 ans, on les invisibilise au cinéma ! Si on change la représentation des femmes de plus de 50 ans, les représentations des femmes plus jeunes changeront aussi, avec des rôles plus divers et intéressants. »

« Quand j’arrive en réunion avec mes Excels, mes business model, mes budgets prévisionnels, on me regarde comme si j’étais une sorcière »

« On dit beaucoup que la parole se libère, mais c’est surtout qu’on commence enfin à écouter les femmes qui parlent ! »

« On remet tout le temps en question la compétence des femmes, mais on ne questionne jamais la compétence, ou l’incompétence, de certains hommes de pouvoir. »

« Je veux renforcer d’une part ma déconstruction et d’autre part mon estime de moi même et de mon travail »

*Pour mémoire : règles de confidentialité et de publication du Lab :

Nous utilisons la règle dite de Chatham House, du nom d’un célèbre think tank britannique.

Cette règle est utilisée pour réglementer la confidentialité des informations échangées lors d’une réunion : quand une réunion se déroule sous cette règle, les participants sont libres d’utiliser les informations collectées à cette occasion, mais ils ne doivent révéler ni l’identité, ni l’affiliation des personnes à l’origine de ces informations. Cela permet une plus grande liberté de parole et des prises de positions plus fortes.

La liste des participants aux ateliers est en revanche publique, dans le but d’indiquer la diversité et la qualité des personnes présentes et donner de la valeur aux idées émises.